« L’année 2023 a été marquée par l’accélération, au niveau mondial, de l’intérêt exprimé par de nombreux pays pour le nucléaire et par une attention toute particulière à la technologie des SMR.
L’IRSN a accompagné cette dynamique, en veillant, aux plans scientifique et technique, à la prise en compte des enjeux de sûreté nucléaire liés. Nous avons ainsi pu conforter notre place d’“expert européen du risque radiologique”. Les événements organisés en 2023 à la Maison Irène et Frédéric Joliot-Curie à Bruxelles ont permis de renforcer nos relations avec la Commission européenne et l’ensemble de nos partenaires européens. La nomination, au mois de juin dernier, du directeur général de l’IRSN, Jean-Christophe Niel, au poste de président d’ETSON, le réseau européen des TSO, est mise au service du leadership français en sûreté nucléaire. Par ailleurs, avec notre implication de premier plan dans le projet PIANOFORTE, nous contribuons, avec nos partenaires, à la définition de la stratégie de recherche européenne en radioprotection.
Enfin, au niveau international, l’Institut a poursuivi sa coopération avec l’AIEA, notamment dans le cadre de la guerre en Ukraine et des risques qu’elle fait peser sur les installations nucléaires ukrainiennes, et l’a renforcée dans le domaine de la santé et de la lutte contre le cancer (programme “Rays of Hope”). »
Cyril Pinel
Directeur des affaires européennes et internationales
L’IRSN apporte un appui technique à six organisations de sûreté nucléaire.
Dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, en 2023, l’IRSN a répondu à quatre appels d’offres pour l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Turquie, la Bulgarie et l’Ukraine, et a remporté les deux derniers. D’une durée de six mois, le contrat avec l’autorité de sûreté bulgare porte sur des études de sûreté de réacteurs VVER. Quant à celui avec l’Ukraine, il s’inscrit dans la continuité des précédents, financés par la Commission européenne. L’IRSN collabore en effet avec l’Ukraine depuis une dizaine d’années maintenant. Par ailleurs, l’IRSN était déjà impliqué, cette année, dans quatre contrats pluriannuels de prestations d’expertise au bénéfice de la Nuclear Safety Clearinghouse (animée par le Centre commun de recherche de la Commission européenne), de l’Irak, de la Norvège et des Pays-Bas. Ces contrats d’expertise illustrent l’excellence scientifique et technique de l’IRSN, ainsi que son engagement et son rayonnement international. D’autre part, comme chaque année, l’Institut a également instruit en 2023 les dossiers de vente de licences de codes de calcul développés en interne, en particulier le code ASTEC. Ce dernier permet de simuler l’ensemble des phénomènes qui interviennent au cours d’un accident de fusion du cœur d’un réacteur refroidi à l’eau.
au sein de la BU-DCI.
à des appels d’offres internationaux depuis janvier 2021, avec un taux de succès de 50 %.
« La Business Unit Développement commercial à l’international contribue au rayonnement international de l’IRSN en exportant l’approche et le savoir-faire français en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection. Les activités de cette unité contribuent également, au travers de contrats internationaux, à maintenir des compétences rares au sein de l’Institut (par exemple, la connaissance des réacteurs VVER très répandus dans le monde) et d’acquérir de nouvelles compétences. Elles participent également à la formation des jeunes experts de l’Institut. »
Du 25 au 28 septembre 2023, le directeur général de l’IRSN, Jean-Christophe Niel, a conduit la délégation de l’Institut participant à la 67e Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à Vienne en Autriche.
Les risques pour la sûreté nucléaire induits par la guerre en Ukraine étaient au cœur des préoccupations, ainsi que l’intérêt croissant de nombreux pays pour l’énergie nucléaire. Jean-Christophe Niel a pu s’entretenir avec le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, pour évoquer la coopération de l’Institut avec le centre de crise de l’Agence (IEC), et la contribution de l’Institut au programme Rays of Hope de lutte contre le cancer. L’IRSN sera d’ailleurs labellisé en 2024 par l’AIEA pour son offre de formation sur cette thématique.
Par ailleurs, Jean-Christophe Niel s’est entretenu en bilatéral avec les dirigeants des principaux partenaires étrangers de l’Institut et, en tant que président d’ETSON, avec la Commission européenne, WENRA et Lydie Evrard, directrice générale adjointe de l’AIEA chargée de la sûreté et de la sécurité nucléaires. Lors du forum INSAG organisé en marge de la Conférence, il est intervenu sur le thème Resilience to strengthen safety et des experts de l’IRSN ont participé à d’autres événements parallèles dédiés notamment à la crise ou aux SMR.
Les 11 et 12 octobre 2023, Jean-Christophe Niel a participé à la deuxième conférence ETSON[1], organisée à Bruxelles par BEL V, l’homologue belge de l’IRSN. L’occasion pour la quarantaine de participants des 15 membres du réseau européen d’échanger sur les principaux enjeux, dans un contexte particulier pour les acteurs de la sûreté. L’IRSN y a présenté ses actions en lien avec l’ouverture à la société, la stabilité du corium et les différents travaux en cours dans les groupes techniques d’ETSON.
[1] Intitulée « TSO Challenges in a Rapidly Evolving Environment ».
Lors de la Conférence générale de l’AIEA en septembre 2023, l’Autorité de sûreté émiratie (FANR) et l’IRSN ont renouvelé leur accord-cadre de coopération. À cette occasion, ils ont pu partager le succès du projet MORAD, programme d’étude de dispersion atmosphérique des radionucléides. Ce programme, qui implique aussi l’université Khalifa, a démarré en 2018 dans le cadre de la mise en service progressive de la centrale nucléaire de Barakah. Le dernier atelier de cette collaboration s’est tenu les 9 et 10 octobre 2023 à Abu Dhabi où a notamment été discutée la perspective d’un nouveau programme de collaboration.
L’année 2023 a été marquée par deux rencontres majeures entre l’IRSN et le Japon.
La sûreté des installations du cycle du combustible et le site nucléaire de Fukushima-Daiichi ont fait partie des sujets majeurs qui ont été abordés.
Dans le cadre de la coopération franco-japonaise, un séminaire à distance a été organisé les 24 et 25 janvier 2023 afin que le pôle Sûreté nucléaire de l’IRSN puisse échanger avec son homologue japonais (NRA) et l’Agence de l’énergie atomique japonaise (JAEA). Principal objectif : évoquer la sûreté des installations du cycle du combustible. Au total, une trentaine de collaborateurs ont ainsi partagé l’actualité des installations de chacun des deux pays, les difficultés rencontrées, les expertises en cours et l’avancement de leurs programmes de R&D en support à l’évaluation des rejets.
Quelques mois plus tard, l’IRSN a reçu, les 26 et 27 juin, une délégation japonaise composée de membres de la NRA et de représentants de l’université technologique de Nagaoka (NUT). Ils ont pu discuter des collaborations possibles quant à l’analyse de l’explosion survenue dans le réacteur n° 3 de la centrale de Fukushima-Daiichi. La réalisation d’essais de combustion complémentaires à ceux que la NRA met en œuvre avec la NUT a notamment été évoquée. Ils pourront être effectués par le laboratoire ICARE du CNRS à Orléans. Ainsi, par leur diversité, l’ensemble des échanges entre l’IRSN et ses homologues japonais illustre la constance de leur coopération, et ce, dans tous les domaines d’expertise de l’Institut.