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INTERNATIONAL

Qu’il s’agisse de recherche ou d’expertise, de sûreté et de sécurité nucléaires, de surveillance de l’environnement ou de santé, l’essentiel des activités de l’IRSN met en œuvre des partenariats, à l’échelle nationale en premier lieu mais également à l’échelle européenne ou internationale. Au fil du temps, l’Institut a donc tissé un réseau de coopérations bilatérales, en particulier avec les pays dotés d’installations nucléaires, ou multilatérales, dans le cadre de sa contribution à de grands organismes internationaux comme l’Agence internationale à l’énergie atomique, l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE, l’Organisation mondiale de la santé ou la Commission internationale de protection radiologique.

Si les échanges internationaux de l’Institut ont été entravés en 2020 et 2021 par les restrictions imposées par la crise sanitaire de la Covid-19, la levée de celles-ci a permis de réactiver les projets en cours et d’en lancer de nouveaux. En témoignent notamment l’intensité des échanges menés entre l’IRSN et ses partenaires européens, notamment dans le cadre du réseau européen des TSO, ETSON et, au-delà, avec nos partenaires japonais et singapouriens, pour n’en citer que quelques-uns. Le niveau de participation de l’Institut à la 66e Conférence Générale de l’AIEA, à laquelle s’est rendue une délégation de l’Institut conduite par le directeur général de l’IRSN, ou encore le renouvellement des accords de coopération en matière de recherche en sûreté en vigueur avec la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis (US NRC) et celle du Canada (CNSC-CCSN) illustrent également l’engagement international de l’Institut, toujours au service de son excellence scientifique et technique.


PARTICIPATION ACTIVE DE L’IRSN À LA 66E CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L’AIEA

Le directeur général de l’IRSN a conduit une importante délégation à cette Conférence Générale qui s’est tenue fin septembre 2022, à Vienne, et à l’occasion de laquelle il s’est entretenu avec le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, ainsi qu’avec Lydie Evrard, en charge de la sûreté et de la sécurité nucléaires.

La situation actuelle des installations nucléaires ukrainiennes a été au cœur des débats entre les représentants des 171 États membres, qui ont échangé autour des grands enjeux de l’utilisation pacifique de l’atome. Outre cette question, identifiée comme un enjeu majeur par Rafael Grossi, Jean-Christophe Niel a pu aborder, lors de plusieurs entretiens bilatéraux, différents sujets comme la sûreté des petits réacteurs modulaires (SMR), les projets de recherche de l’Institut concernant la sûreté des systèmes passifs, ou encore la coopération en termes d’expertise entre les TSO.

De leur côté, plusieurs experts de l’IRSN ont pu participer à différents événements en marge de la Conférence (side events) et à une série d’entretiens bilatéraux avec des partenaires de l’Institut. Ce dernier a organisé un side event sur le thème des installations de recherche dédiées à la sûreté nucléaire et à la radioprotection, auquel ont participé des représentants de haut niveau de divers organismes internationaux, outre l’AIEA : l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) de l’OCDE, la Commission européenne, le réseau ETSON des TSO européens ou encore l’Association européenne des organismes de recherche et de technologie (EARTO). Ils se sont accordés sur la nécessité de garantir la pérennité de ces installations de recherche, indispensables tant au progrès des connaissances scientifiques qu’à la formation des jeunes chercheurs. En parallèle, la participation des experts de l’Institut à d’autres side events leur a permis de présenter notamment les activités de recherche menées à l’aide du réacteur CABRI, qui fait partie des Centres internationaux basés sur les réacteurs de recherche (ICERR), homologue pour l’AIEA, et de présenter son implication dans la formation des responsables pour la radioprotection du Forum des organismes africains de réglementation nucléaire (FNRBA).

Enfin, dans le domaine de la santé, les directeurs généraux de l’AIEA et de l’IRSN sont convenus d’étendre leur coopération, comme en témoignent l’intervention de ce dernier au forum scientifique « Nuclear Science for Health » sur la thématique « Rays of hope: cancer care for all » et la présidence par l’Institut d’une session de la Réunion des hauts responsables pour la sûreté et de sécurité, sur un sujet lié à la protonthérapie, technique de radiothérapie visant à détruire les cellules cancéreuses en les irradiant à l’aide d’un faisceau de protons et non de photons, à la différence de la radiothérapie conventionnelle. À l’AIEA, l’engagement de l’IRSN est à la hauteur des enjeux auxquels la communauté internationale fait face en matière de sûreté nucléaire.

L’IRSN ET SES PARTENAIRES SINGAPOURIENS INTENSIFIENT LEURS ÉCHANGES

En 2015, l’IRSN et l’université nationale de Singapour (NUS) signaient un accord de coopération (Memorandum of Understanding) au titre duquel étaient établis des échanges d’informations scientifiques, des visites de chercheurs et des formations d’experts singapouriens dans des domaines d’intérêts communs. Depuis, les liens entre les deux organismes n’ont cessé de s’étendre et de s’approfondir, dans le cadre d’une coopération scientifique relative à trois thématiques : les mesures radiochimiques et la métrologie environnementale, la radiobiologie et enfin l’analyse de sûreté des installations nucléaires. C’est dans cet esprit qu’une délégation de l’IRSN a participé à un workshop à l’Université nationale de Singapour / groupe de recherche et de sûreté nucléaires (NUS/ SNRSI) en juin 2022. Puis, en septembre 2022, une délégation de NUS/SNRSI et de l’Autorité du marché de l’énergie de Singapour (EMA) a visité différentes installations de recherche en sûreté nucléaire et en radioprotection de l’IRSN à Cadarache (Bouches-du-Rhône). À l’occasion de sa visite en France, la délégation singapourienne est également venue sur le site IRSN de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) où lui ont été présentées la démarche de recherche et d’expertise de l’Institut dans le domaine des modèles de dispersion atmosphérique et son organisation dans celui de la gestion de crise, illustrée par une visite du centre technique de crise de l’Institut.

À l’invitation de l’EMA, une délégation de l’IRSN s’est de nouveau rendue à Singapour fin octobre afin de participer à la première journée de la Semaine internationale de l’énergie de Singapour. Lors d’une session intitulée « Accélérer les solutions bas carbone », le directeur général de l’Institut a exposé les enjeux de sûreté liés aux technologies innovantes basées sur l’énergie nucléaire – parmi lesquelles les petits réacteurs modulaires (SMR) – envisagées comme une réponse aux défis climatiques, énergétiques et géopolitiques actuels. Enfin, à l’occasion de la 5e réunion du Réseau de l’ASEAN pour la recherche en sûreté de l’énergie nucléaire (ASEAN/NPSR), organisée cette année par NUS/SNRSI, le directeur général de l’Institut a présenté le réseau ETSON des TSO européens et son action.

Comme en témoignent ces visites croisées, NUS/SNRSI et l’IRSN souhaitent renforcer encore leur collaboration stratégique pour les prochaines années, au bénéfice mutuel des deux organismes.

VIKTORIA, EXEMPLE D’EFFET DE LEVIER DES PLATEFORMES EXPÉRIMENTALES DANS LA COOPÉRATION SCIENTIFIQUE

L’année 2022 a vu se succéder plusieurs visites de délégations étrangères sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), où l’IRSN exploite différentes plateformes expérimentales, témoignant du rôle de référence scientifique que constituent celles-ci auprès des partenaires de l’Institut. Le TSO allemand GRS – avec lequel l’Institut entretient une coopération bilatérale qui s’est notamment traduite par un échange de personnel – a visité les plateformes GALAXIE (recherche sur le risque incendie dans les installations nucléaires), CHROMIA (recherche en radiochimie), MIDI (étude du dénoyage des piscines combustibles) et ASPIC (étude de l’efficacité d’un système d’aspersion pour refroidir un assemblage combustible partiellement ou totalement dénoyé). D’autres partenaires tels que le Centre de recherche technique finlandais VTT ou la société d’ingénierie slovaque VUEZ se sont rendus eux aussi à Cadarache pour observer le fonctionnement de différentes plateformes de recherche de l’IRSN.

Le rôle joué par ces plateformes dans le développement des coopérations scientifiques trouve une parfaite illustration dans la relation entre l’IRSN et différents acteurs slovaques de la sûreté nucléaire, en particulier l’ingénierie VUEZ, avec laquelle l’Institut a construit la boucle expérimentale VIKTORIA située à Levice (Slovaquie).

Depuis maintenant 20 ans, les deux organismes poursuivent une coopération relative aux problématiques de refroidissement des réacteurs nucléaires en situation accidentelle, coopération centrée sur l’installation expérimentale VIKTORIA, construite il y a plus de 10 ans dans le cadre d’un investissement conjoint et qui a permis de mener de nombreux essais destinés à mieux appréhender les phénomènes physiques susceptibles de se produire lors d’accidents de perte de refroidissement de réacteurs nucléaires. Cette collaboration – et, plus largement, l’importance pour les pays où sont exploités des réacteurs nucléaires de disposer et de partager des outils de recherche consacrés à la sûreté nucléaire – a été au cœur des discussions menées entre l’IRSN et ses partenaires slovaques (VUEZ, le TSO VUJE, l’autorité de sûreté UJD et le secrétariat d’État à l’énergie) à l’occasion de la visite de Jean-Christophe Niel en Slovaquie, au mois d’avril 2022. Ce dialogue s’est poursuivi dans le cadre de la visite en France, au mois de juin, du secrétaire d’État chargé de l’énergie du ministère de l’Économie de Slovaquie, Karol Galek, auquel le directeur général de l’Institut a proposé d’ouvrir des collaborations avec les organismes slovaques sur les différentes plateformes de recherche, concernant en particulier la sûreté des réacteurs modulaires de faible puissance (SMR).

LES COOPÉRATIONS BILATÉRALES DE L’IRSN RETROUVENT LEUR DYNAMISME

La levée courant 2022 des restrictions imposées aux déplacements dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire s’est traduite par une reprise des échanges entre l’IRSN et ses partenaires internationaux, notamment en matière de recherche et développement. Cette dynamique a été renforcée notamment par la présidence française de l’Union européenne au 1er semestre, à laquelle l’IRSN a apporté sa contribution.

Ainsi, ces derniers mois, quatre coopérations ont été développées. Au mois de juin tout d’abord, avec la visite à l’IRSN d’experts du Korean Institute of Nuclear Safety (KINS) au cours de laquelle les experts de l’Institut et ceux du TSO sud-coréen ont échangé à propos des méthodes et outils d’évaluation des rejets radiologiques en situation d’accident dans un réacteur nucléaire et ont été, à ce titre, formés à l’utilisation du logiciel Persan, développé par l’IRSN. Début juillet, le directeur général de l’Institut accueillait une délégation conduite par le président de l’autorité de sûreté polonaise (PAA), Łukasz Mlynarkiewicz, pour des échanges techniques portant en particulier sur la formation. Mi-juillet, Jean-Christophe Niel rencontrait à Berlin Inge Paulini, présidente de l’Office fédéral allemand pour la radioprotection (BfS), avec lequel l’Institut entretient de fréquents échanges dans le cadre du projet PIANOFORTE. À l’issue d’échanges portant sur des thématiques variées, les deux dirigeants ont signé une lettre d’intention pour acter leur volonté commune de collaboration. Fin août, à Washington, l’IRSN signait avec la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis (US NRC) le renouvellement du protocole d’entente entre les deux organismes et, le 1er septembre à Ottawa, le renouvellement de celui liant l’IRSN à la Commission de réglementation nucléaire du Canada (CNSC-CCSN), l’un et l’autre pérennisant les coopérations techniques bilatérales en matière de recherche en sûreté et de réglementation nucléaire. Fin novembre, le directeur général de l’IRSN a également participé à la table ronde nucléaire, présidée par le Président de la République à l’occasion de sa visite d’État aux États-Unis, ce qui a permis de promouvoir la coopération franco-américaine en matière d’expertise et de recherche en sûreté nucléaire. Le dernier trimestre a confirmé cette reprise des coopérations, comme l’illustrent les différentes rencontres organisées au Japon fin 2022.

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ACCORDS BILATÉRAUX DE COOPÉRATION EN VIGUEUR AVEC DES ORGANISMES DE RECHERCHE OU D’EXPERTISE

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PAYS CONCERNÉS PAR CES ACCORDS

Brève

LA COOPÉRATION AVEC LE JAPON S’INTENSIFIE

Du 28 au 30 novembre 2022, une délégation d’experts de l’IRSN s’est rendue à Tokyo pour le 4e séminaire IRSN-NRA-JAEA. Après deux ans sans contacts en raison de la crise sanitaire, ce séminaire qui a réuni de nombreux experts a permis à ces derniers notamment de visiter des installations expérimentales de l’Agence japonaise de l’énergie atomique (JAEA), de faire le point sur les besoins de recherche en sûreté, d’examiner l’avancement des collaborations en cours, d’esquisser de nouvelles pistes et, enfin, de relancer les échanges de chercheurs, à l’origine de liens très étroits entre les deux parties.

Jean-Christophe Niel s’est rendu début décembre au Japon, où il a présidé le 72e comité sur la sûreté des installations nucléaires de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE. À cette occasion, il a participé à une visite de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, du Centre des archives sur le démantèlement de TEPCO (exploitant de la centrale) ainsi que du Centre de développement des technologies de télécommande de Naraha. Ce déplacement au Japon aura également été l’occasion de réunions bilatérales avec différents partenaires japonais comme l’autorité de sûreté nucléaire NRA, Chiyoda Technol (dosimétrie) ou encore l’université de médecine de Fukushima (FMU). Avec cette dernière, l’IRSN est convenu de poursuivre les actions de collaboration en cours, comme celles liées au cancer de la thyroïde ou les projets d’écotoxicologie BEERAD et KERO, et d’organiser de futurs échanges de personnels de recherche.