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CRISE ET POST-ACCIDENTEL
Mobiliser les équipes
et élargir les capacités d’action

Des avancées marquantes en 2023

« L’année a tout d’abord été marquée par le maintien de notre suivi de la situation en Ukraine, ce qui nous a conduits à effectuer régulièrement une réévaluation des risques. Les échanges menés au cours de l’année avec l’ASN, le CEA et Orano ont par ailleurs permis d’améliorer significativement la transmission des données techniques au Centre technique de crise en cas d’accident, en particulier par la mise au point opérationnelle de la transmission automatisée des mesures aux cheminées des installations en temps réel, ce qui représente une avancée majeure.

L’année 2023 a également vu se poursuivre la montée en puissance de notre cellule mobile. L’exercice national grandeur nature réalisé à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) nous a permis de tester le déploiement de l’ensemble de nos moyens de mesure de terrain, notamment aériens. Toujours dans le domaine des mesures, la construction de notre organisation de crise s’est poursuivie par la définition des modalités d’implication de nos laboratoires fixes dans le domaine de la santé et, dans le domaine de l’environnement, par la mise en service du LATAC (laboratoire de traitement et d’analyse d’échantillons environnementaux en situation post-accidentelle). »

Philippe Dubiau
Directeur délégué à la crise

Exercices

Premier déploiement total de la cellule mobile à Saint-Laurent-des-Eaux

L’exercice de crise réalisé le 23 mai 2023 autour de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher, a constitué une étape importante pour l’IRSN.
En effet, pour la première fois, la totalité des moyens de la cellule mobile de l’IRSN a été déployée.

Lors de cet exercice grandeur nature, une équipe composée d’une cinquantaine d’experts de l’IRSN et de l’ensemble de leurs moyens de mesure de la radioactivité déployables sur le terrain (17 balises mobiles, 2 dispositifs de mesure mobiles embarqués dont un en hélicoptère et un dans un véhicule, 3 camions laboratoire, 1 véhicule de transmission…) a rejoint la cinquantaine de pompiers déjà présents ainsi que des équipes du CEA et d’EDF. En effet, le scénario imaginait un accident à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. À midi, compte tenu de l’évolution de la situation, le préfet du Loir-et-Cher a déclenché le Plan particulier d’intervention (PPI) et décidé de procéder à l’évacuation des populations dans un rayon de cinq kilomètres autour de la centrale.

Des détecteurs sur un hélicoptère

Avec le chef des opérations de secours, les équipes de l’IRSN ont coordonné les mesures visant à affiner la connaissance des niveaux de radioactivité dans les différents milieux impactés par les rejets radioactifs. La stratégie de mesure après rejet permettant de conforter les évaluations du Centre technique de crise (CTC) de l’IRSN a été testée de manière réaliste : des cartographies de la contamination au sol, à l’aide de détecteurs installés sur un hélicoptère et dans un véhicule, ont été réalisées en conditions réelles. Celles-ci ont permis d’identifier en moins d’un jour la zone contaminée dans laquelle les populations ne pourraient pas rester vivre durablement.

Très riche d’enseignements, cet exercice permettra à l’IRSN d’améliorer encore ses moyens et stratégies de mesures et leur déploiement. Le préfet disposera ainsi des informations pour prendre les décisions de protection des populations les plus appropriées.

 

Brève

Premier entraînement avec EDF sur l’EPR à Flamanville

Le 10 octobre 2023, avec les équipes d’EDF, le Centre technique de crise (CTC) de l’IRSN a participé à un premier exercice de mise en situation en condition accidentelle sur le nouvel EPR de Flamanville (Manche). Le scénario simulait un accident de perte de réfrigérant primaire conduisant à une fusion au cœur du réacteur. Au sein du CTC, cet exercice a permis aux équipiers de la cellule « Évaluation de l’installation » (une des cellules du CTC) de prendre en main les outils de calcul et la documentation mise à disposition des équipiers de crise au CTC ; ils ont été en mesure de bien évaluer les événements prévus dans le scénario.
Résultat : un bilan positif pour cette étape dans la préparation de l’IRSN au démarrage de l’EPR.

Organisation

Gestion de crise : participer à la révision du Plan national

Dans le prolongement du travail mené en 2022, l’IRSN a contribué en 2023 à la révision du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur, qui a été créé en 2014.

Engagée en 2022 par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), la mise à jour de ce plan a largement avancé au cours de l’année 2023. L’objectif général était, 10 ans après sa première version, d’intégrer plus complètement le retour d’expérience de l’accident de Fukushima-Daiichi, ainsi que les travaux menés au niveau national sur les doctrines, notamment sur le post-accidentel. L’IRSN a participé aux différents groupes de travail (communication, mesures radiologiques, biens manufacturés, déchets, transports, zonage radiologique…) mis en place en 2023 et dont l’objectif était la mise à jour des fiches d’actions du plan. Sur la base de ses connaissances scientifiques et techniques, l’Institut a contribué à l’élaboration d’une quinzaine de fiches. Cette nouvelle version du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur sera finalisée début 2024.

Brève

Un dispositif d’astreinte renforcé

Pour la Coupe du monde de rugby 2023 qui s’est déroulée en France, l’IRSN, en tant qu’expert du risque nucléaire et radiologique, avait renforcé son dispositif d’astreinte de 25 fonctions supplémentaires (cellule santé du CTC, laboratoires fixes de mesure santé et environnement). Ainsi, pendant toute la durée de cet événement sportif majeur, du 8 septembre au 28 octobre, 300 équipiers de crise se sont mobilisés au total afin que, chaque semaine, une équipe de 60 personnes soit prête à intervenir. Un dispositif semblable est prévu pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Veille active

Ukraine : maintenir une veille continue

L’IRSN a mobilisé son organisation de crise dès le lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, survenue le 24 février 2022. Depuis, l’Institut assure un suivi continu de la situation.

Depuis le début de la guerre d’agression de l’Ukraine par la Russie, l’IRSN apporte un conseil scientifique et une assistance opérationnelle aux pouvoirs publics français et aux instances internationales. Comme en 2022, l’Institut a répondu aux questions et sollicitations directes des ministères sur le risque radiologique, et échange régulièrement avec son homologue ukrainien ou l’AIEA.

Ainsi, en 2023, l’IRSN a réévalué à différentes reprises, au vu du temps écoulé depuis l’arrêt des réacteurs, les conséquences potentielles d’un accident de fusion de cœur qui reste toujours possible en cas de perte de l’ensemble des moyens de refroidissement.

Par ailleurs, à la suite de l’endommagement, le 6 juin 2023, du barrage de Kakhovka, situé en aval de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhya, l’IRSN a évalué les risques de perte des ressources en eau du site et suit désormais régulièrement leur évolution.

Au quotidien, les équipes de l’IRSN maintiennent également un suivi régulier des niveaux de radioactivité notamment en Ukraine et dans les pays limitrophes.

Une synthèse intégrant également les informations issues des instances internationales et un résumé de l’actualité au niveau des médias est maintenue en interne chaque semaine au profit de l’ensemble des équipes de crise.

visuel

Post-accidentel

OPAL 2.0 : un outil au service des territoires

L’outil de sensibilisation aux problématiques post-accidentelles à destination des acteurs locaux, OPAL, a évolué, en 2023, avec une nouvelle version plus riche et plus ergonomique, qui a été testée lors d’un atelier de co-construction.

Fruit de la collaboration entre l’IRSN et l’Anccli depuis 2010, OPAL est destiné aux Cli et aux élus. Cet outil permet de visualiser de manière cartographique les conséquences de scénarios d’accidents de moyenne ampleur en phase post-accidentelle, afin d’anticiper et de se préparer en amont à la gestion à long terme d’un accident.

Le 4 juillet 2023, un atelier participatif a été organisé par l’IRSN Lab, à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), avec des membres de Cli et de l’Anccli pour tester la nouvelle version d’OPAL (zonage post-accidentel mis à jour, outils de recherche, ergonomie plus fluide, etc.) et recueillir leurs attentes. À l’issue de cet atelier, une vingtaine de nouveaux besoins utilisateurs ont été identifiés et sont en cours d’intégration.

Le 14 septembre 2023, une journée de sensibilisation aux situations post-accidentelles s’est déroulée à Gravelines (Nord), à l’initiative de la Cli de Gravelines et de l’Anccli. Une cinquantaine de personnes étaient présentes, dont de nombreux entrepreneurs de Dunkerque. L’IRSN y a présenté la nouvelle version d’OPAL qui a servi, à cette occasion, à réaliser des cartes support à la réflexion des participants. La nouvelle version d’OPAL ou « OPAL 2.0 » sera mise en production en 2024.

Un atelier « post-accident » avec des étudiants

Le 9 mai 2023, l’équipe du SPOS s’est rendue à l’Université technologique de Compiègne (Oise) afin de tester un atelier participatif dédié au post-accident avec des étudiants de tous niveaux. Un jeu sérieux a invité ces derniers à discuter des différentes alternatives possibles pour gérer une situation post-accidentelle sur un territoire. Cet atelier s’inscrit dans le projet de recherche Demeterres Mousse coordonné par le CEA dont une partie vise à développer un outil d’aide à la décision pour la gestion post-accidentelle d’un territoire.

SOMMAIRE

RADIOPROTECTION
Protéger la santé
des personnes et de l’environnement

VISION

360°

À l’aube d’une décennie d’enjeux
majeurs pour l’expertise de sûreté

CRISE ET POST-ACCIDENTEL
Mobiliser les équipes et élargir les capacités d’action