Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) sous la tutelle conjointe des ministres en charge de la Transition écologique, des Armées, de l’Énergie, de la Recherche et de la Santé, l’IRSN inscrit pleinement son action dans les politiques de modernisation de l’État comme en témoignent sa démarche de management des risques et la mise en œuvre d’une politique globale en matière de responsabilité sociétale.
Expertiser, mener des recherches, protéger, anticiper, partager : telles sont les missions de l’IRSN au service des pouvoirs publics et de la population.
La singularité de l’Institut réside dans sa capacité à associer chercheurs et experts pour anticiper les questions à venir sur l’évolution et la maîtrise des risques nucléaires et radiologiques. Les femmes et les hommes de l’IRSN ont à cœur de faire connaître leurs travaux et de partager leurs savoirs avec la société, contribuant ainsi à améliorer l’accès à l’information et le dialogue avec les parties prenantes.
Indépendance, anticipation, excellence et partage sont les ambitions de l’IRSN pour concourir aux politiques publiques de sûreté et sécurité nucléaires, de santé, d’environnement et de gestion de crise.
EN SAVOIR PLUSTout au long de 2023, les experts de l’Institut ont examiné de nombreux dossiers relatifs à la prolongation de l’exploitation du parc électronucléaire en service au-delà de 40 ans, avec en particulier l’étude du comportement des enceintes de confinement des réacteurs de 1 300 MWe, la prise en compte du changement climatique, et au-delà de 60 ans, avec l’investigation du vieillissement et de l’obsolescence sur des durées non étudiées à ce jour. L’IRSN a achevé l’examen de sûreté de l’EPR de Flamanville et poursuivi le suivi des essais de démarrage du réacteur. Dans la perspective de la construction des 6 + 8 réacteurs EPR2 annoncée par le président de la République, l’IRSN a également publié quinze avis techniques au sujet de l’EPR2 en intégrant les enseignements issus, d’une part, des réexamens des réacteurs en exploitation et, d’autre part, ceux issus de l’examen de l’EPR.
En parallèle à ces travaux, 2023 a vu la montée en puissance des échanges avec les porteurs de projets de petits réacteurs modulaires, qu’il s’agisse de Nuward, dont la conception s’inspire de celle des réacteurs à eau sous pression en fonctionnement en France ou à l’étranger, ou d’autres réacteurs, fondés sur des ruptures technologiques nécessitant un important travail d’expertise de la part de l’Institut.
Ce programme de travail très conséquent nécessite de prioriser les dossiers au regard des enjeux.
En appui aux expertises en cours et à venir, l’Institut poursuit des projets de recherche comme PASTIS, relatif aux systèmes de sûreté passifs, CABRI, consacré à l’étude de la tenue des combustibles en cas d’accident de réactivité, ou encore MACUMBA, dédié à l’étude du confinement assuré par des parois en béton.
Depuis sa création, l’IRSN a toujours eu la conviction que les progrès réalisés tant en sûreté nucléaire qu’en radioprotection reposaient sur une vision stratégique à long terme. C’est cette conviction qui a guidé le développement, depuis la fin des années 1990, du code ASTEC de simulation des accidents graves, utilisable pour l’ensemble des installations nucléaires : réacteurs de tous types, usines… Ce code, devenu une référence du plan européen, rassemble à la fois la modélisation la plus avancée et l’ensemble de la connaissance expérimentale relative aux accidents graves. C’est encore cette conviction qui a inspiré la stratégie pluriannuelle de l’Institut en matière de recherche et d’expertise en radioprotection, domaines dans lesquels l’IRSN a pris toute sa place au niveau tant européen qu’international, au sein d’instances comme la CIPR ou l’UNSCEAR, pour devenir un organisme de référence avec lequel collaborent, par exemple, l’OMS et l’AIEA. En témoignent les nouveaux accords signés avec ces derniers, qui couvrent des thématiques telles que la gestion médicale et sanitaire d’un accident radiologique ou nucléaire, ou la qualité des soins en radiothérapie et le bien-être des patients atteints d’un cancer. Quant à la recherche, cette approche stratégique pluriannuelle s’est notamment concrétisée par la mise en place de PIANOFORTE, partenariat européen coordonné par l’Institut. Celui-ci rassemble un consortium de 58 partenaires issus de 22 pays de l’Union européenne ainsi que du Royaume-Uni et de la Norvège, qui organise l’ensemble de la recherche en radioprotection en Europe. Et c’est toujours cette même conviction qui a conduit l’IRSN à développer une organisation et des moyens de gestion des situations d’urgence radiologique et nucléaire – en particulier le laboratoire LATAC, inauguré en 2023 – dont la qualité reconnue a valu à l’Institut d’être sollicité par le gouvernement pour apporter son appui technique dans le cadre d’événements mondiaux comme la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques et paralympiques de Paris.
Tout au long de 2023, l’IRSN s’est impliqué dans la réforme du contrôle et de la recherche en sûreté nucléaire et radioprotection souhaitée par le gouvernement avec une priorité :
la préservation du niveau de qualité de la recherche et de l’expertise attendu par nos concitoyens. Une qualité qui repose notamment sur le couplage étroit des activités de recherche et d’expertise, la stricte séparation de l’expertise et de la prise de décision, la cohérence des approches de sûreté et de radioprotection aux plans européen et international et le maintien de l’attractivité des métiers exercés au sein de l’Institut.
Afin de contribuer à la performance de l’expertise et du contrôle de demain, l’IRSN a poursuivi et amplifié en 2023 différents chantiers de transformation engagés depuis plusieurs années, qu’il s’agisse du développement des compétences avec IRSN Academy et l’université interne, de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, du développement du numérique et de l’intelligence artificielle, destiné à tirer parti des nouvelles technologies dans une optique d’expertise et de recherche augmentées, ou encore de la prise en compte des exigences sociétales en matière d’intégrité scientifique, de RSE et de déontologie.
À l’heure où s’écrivent ces lignes, la réforme en cours du contrôle et de la recherche en sûreté et sécurité nucléaires et en radioprotection fera peut-être de ce rapport annuel 2023 le dernier édité par l’IRSN. Les femmes et les hommes qui ont su se mobiliser depuis 2001 pour faire de l’Institut ce qu’il est aujourd’hui sauront se mobiliser demain pour continuer de faire rayonner la recherche et l’expertise françaises en sûreté et sécurité nucléaires et en radioprotection. Nous tenons ici à saluer leur attachement à l’intérêt général, leur investissement, leur professionnalisme et leur ouverture.
2023 demeurera marquée par l’incertitude découlant du processus en cours de réforme du système de contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Dans ce contexte, les équipes de la Direction de l’expertise nucléaire de défense (DEND) de l’IRSN ont su mener à bien les multiples missions qui leur ont été confiées dans des domaines aussi divers que la sécurité des installations et matières nucléaires ainsi que des transports, les études tant en matière de cybersécurité que de modélisation des effets des explosions, l’expertise de sûreté des systèmes et installations relevant de la défense ou encore la non-prolifération nucléaire et chimique. Dans tous ces domaines, elles ont continué à avancer en appui aux pouvoirs publics, sur des dossiers aussi essentiels que le futur porte-avions nucléaire, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins de 3e génération ou le programme Barracuda, qui a vu en 2023 la mise en service du 2e sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Suffren.
Au titre de la loi relative à l’organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire, ces multiples activités d’expertise, de contrôle ou d’inspection seront conduites, à partir du 1er janvier 2025, au sein du ministère de la Défense, en appui aux pouvoirs publics dans les domaines de la sûreté nucléaire de défense, de la sécurité nucléaire des installations civiles et de la non-prolifération, où ceux-ci sont en première ligne.
Les équipes en charge de ces missions aujourd’hui ont vocation à les poursuivre demain au profit de leurs bénéficiaires habituels : DNSD, hauts-fonctionnaires de défense et de sécurité, Comité technique Euratom et bien d’autres encore.