Recherche

Les programmes de recherche menés par l’IRSN sont étroitement liés à ses missions d’expertise. Sûreté des installations nucléaires, santé, gestion des situations de crise, surveillance et protection de l’environnement, sécurité et non-prolifération des matières nucléaires… quel que soit le domaine d’activité concerné, les résultats de recherche apportent aux experts de l’Institut des connaissances nouvelles leur permettant de mieux évaluer, en toute indépendance, les risques ainsi que les dispositifs développés afin d’y faire face.

En amont de cette recherche essentiellement finalisée, la recherche exploratoire se propose d’explorer la pertinence de nouveaux concepts ou de nouvelles voies de recherche pour éclairer les choix à prendre dans le futur. Après avoir été sélectionnés par une commission d’évaluation interne à l’Institut, cinq projets de recherche exploratoire ont été lancés en 2021. Ils portent sur l’utilisation d’algorithmes d’apprentissage pour l’estimation de spectres neutron, le développement d’une méthode de mesure de flux de dépôt des particules atmosphériques submicroniques, la fabrication d’un simulant de combustible irradié, l’étude des mécanismes de mise en œuvre et de régulation transcriptionnelle et traductionnelle après exposition à faible dose aux RI et l’étude des facteurs biomoléculaires intervenant dans les complications salivaires du traitement du cancer différencié de la thyroïde couplée à l’amélioration de la caractérisation de la dose au niveau des glandes salivaires.

Face à la complexité des sujets traités et à l’ampleur des moyens d’expérimentation nécessaires, l’IRSN conduit sa recherche en partenariat, notamment dans le cadre de projets financés par la Commission européenne au titre de programmes-cadres pour la recherche et l’innovation comme Horizon 2020 – dont 33 projets étaient encore actifs à l’Institut au cours de l’année 2021 pour le seul volet EURATOM – et Horizon Europe, qui vient de démarrer, par l’OCDE – AEN et au niveau national par l’Agence nationale de la recherche.

Pour définir sa politique de recherche et orienter ses programmes, l’IRSN s’appuie sur deux instances complémentaires : le comité d’orientation des recherches, composé de représentants des principales parties prenantes de l’Institut et qui vise à garantir la bonne couverture des questions et enjeux tant sociétaux que politiques, et le conseil scientifique, composé de personnalités choisies en fonction de leur compétence scientifique et technique, qui conseille et accompagne l’Institut dans le pilotage stratégique de ses activités scientifiques. Ce dernier a été renouvelé en 2021 avec la désignation pour cinq ans de onze membres.

25

thèses soutenues en 2021 par des
doctorants à l’IRSN

52

docteurs d’État ou personnes
habilitées à diriger des recherches

44

brevets en vigueur en France et 79 à
l’étranger

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Développement de partenariats, en France et
à l’international

Si la persistance de la crise sanitaire de la Covid-19 a pu limiter encore l’accès aux installations expérimentales, ralentissant certains programmes de recherche ainsi que les contacts directs entre organismes, bridant l’intensité des collaborations, l’année 2021 a néanmoins vu la signature ou la reconduite d’accords majeurs de coopération entre l’IRSN et de grands partenaires, tant au plan national qu’international.

En 2021, l’IRSN a conclu ou renouvelé plusieurs partenariats dans différents domaines de la recherche en sûreté nucléaire ou en radioprotection. Il a signé en début d’année un accord de collaboration pour cinq ans avec le centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy dans le cadre du Projet intégré de recherche sur la radiobiologie des tumeurs et tissus sains (PIRATT). Celui-ci vise à faire progresser les connaissances scientifiques de la balance bénéfice/risque en radiothérapie, dans l’objectif de préserver les tissus sains exposés lors de la délivrance des doses élevées d’irradiation nécessaires au contrôle tumoral. À la suite de la signature d’un nouvel accord-cadre entre le CNRS et l’IRSN fin 2020, les deux organismes ont entrepris de structurer leur partenariat au travers de l’élaboration d’une feuille de route. Les thématiques prioritaires identifiées ont donné lieu à l’organisation de plusieurs ateliers qui serviront à définir les objectifs scientifiques et techniques devant être poursuivis sur la durée de l’accord ainsi que les dispositifs d’animation de la collaboration.

À l’international, l’IRSN a poursuivi sa collaboration avec l’unité de recherche en sûreté nucléaire de l’université nationale de Singapour (NUS/SNRSI), notamment dans les domaines de la radiochimie et de la radiobiologie. L’Institut a par ailleurs signé le 8 mars avec l’université japonaise de médecine de Fukushima un accord de coopération destiné à renforcer les échanges actuels – en particulier de chercheurs et d’étudiants – ainsi que les collaborations scientifiques dans le domaine des conséquences d’un accident nucléaire. Dans celui de la recherche en sûreté-criticité, l’Institut et le ministère américain de l’Énergie (DOE) ont reconduit sans limite de temps leur accord de coopération, qui s’est concrétisé par la réalisation dans les installations du Sandia National Laboratory de la première expérience entièrement conçue par l’IRSN.

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drapeaux de pays de l'union europeenne
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Recherche en sûreté

L’étude de la phénoménologie des initiateurs possibles d’accidents graves de réacteurs (incendies ou perte du réfrigérant primaire) et de leurs conséquences potentielles (fusion du cœur) en vue de leur prévention et de leur mitigation occupait en 2021 une place centrale dans l’effort de recherche en sûreté mené par l’IRSN, aux côtés de la recherche sur le vieillissement des installations, en particulier celui des composants métalliques et du béton qui les constituent.

L’IRSN poursuit un projet de Recherche en matière de sûreté et radioprotection (RSNR) « post-Fukushima » dénommé PERFROI, dont l’objet est d’étudier la capacité de refroidissement du cœur d’un réacteur en situation d’accident de perte du réfrigérant primaire (APRP). Après avoir lancé dans ce cadre, en 2020, une première campagne d’expériences baptisée COAL à l’aide d’un dispositif expérimental, développé en interne et implanté dans une boucle de thermohydraulique mise à disposition par STERN Lab au Canada, l’IRSN a mené à bien l’an passé une nouvelle phase de son programme de recherche. Les résultats de cette deuxième campagne constituée de 26 essais ont apporté de précieuses informations pour la validation et l’amélioration des modèles numériques, en particulier le logiciel DRACCAR, développé par l’Institut pour simuler les situations d’APRP et utilisé en appui de ses expertises.

Au mois de mai, l’IRSN a réuni le club des utilisateurs du système de logiciels ASTEC (Accident Source Term Evaluation Code) qui contribuent aux avancées et au développement de ses nouvelles fonctionnalités. Maintenu et développé par l’Institut, ce système permet de simuler l’ensemble des phénomènes qui interviennent au cours d’un accident de fusion du cœur d’un réacteur, depuis l’événement initiateur jusqu’au terme source.

Dans le domaine de la recherche sur les incendies, l’IRSN a réalisé au mois de juin la dernière phase de la campagne PRISME3 – projet mené dans le cadre de l’OCDE – AEN – avec des essais de feux dans des espaces de couloirs, ce qui représente une première au plan international. 2021 a également marqué la fin des travaux de modernisation de la plateforme de recherche GALAXIE, située à Cadarache (Bouches-du-Rhône) et dont les installations expérimentales permettent à l’Institut de mener les programmes nécessaires à la maîtrise du risque incendie dans les installations nucléaires.

En 2021, l’IRSN a enclenché les travaux relatifs à six projets de recherche collaborative retenus par la Commission européenne dans le cadre du vieillissement des structures et équipements des installations nucléaires et de l’amélioration de leur sûreté à long terme. Concernant le vieillissement, un projet porte sur les bétons constitutifs de l’enceinte d’un réacteur et quatre autres sur les matériaux métalliques des cuves et des composants du circuit primaire. Un sixième projet aborde la mécanique de la rupture dans une démarche multiphysique relative au choc froid et à la défaillance de la cuve. La durée de ces différents projets est de quatre ans.

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Brèves
illustration breves
icone page avec texte

EVA, ASPIC et MIDI, tels sont les noms des trois nouvelles installations de recherche en sûreté des réacteurs nucléaires de l’IRSN dédiées – dans le cadre de l’appel à projets « Recherche en sûreté nucléaire et radioprotection » (RSNR) – à l’étude de la fatigue des aciers et à celle des accidents de dénoyage d’une piscine de désactivation du combustible usé. Situées à Cadarache (Bouches-du-Rhône), elles ont été inaugurées le 29 septembre 2021.

icone tour de refroidissement centrale nucleaire

Le consortium CONCRETE a lancé en septembre 2020 un programme pour une durée de quatre ans visant à lever les verrous scientifiques liés à la maîtrise du vieillissement des structures en béton. L’IRSN et ses partenaires – différents acteurs académiques majeurs de la recherche sur le comportement du béton – ont tenu les 18 et 19 novembre 2021 un séminaire d’étape du projet.

cellules souches mesenchymateuses
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Recherche en santé

Si les projets de recherche en santé les plus notables de 2021 ont été consacrés à la mise au point de traitements destinés aux victimes d’expositions à de fortes doses de rayonnements ionisants, l’année a été marquée également par la montée en puissance de la recherche en sciences humaines et sociales appliquées à la radioprotection et à sa valorisation auprès des professionnels de santé.

Lancé fin 2019 pour une durée de quatre ans avec le soutien de l’Agence nationale de la recherche (ANR), le projet RESCUE ambitionne le développement d’une nouvelle stratégie de traitement clinique fondée sur la mise à disposition de greffons hématopoïétiques congelables et prêts à l’emploi pour les victimes irradiées, en situation d’urgence radiologique ou nucléaire, développant un syndrome aigu d’irradiation (sous sa forme hématopoïétique). À la suite du projet GIPSIS, qui avait permis de démontrer en laboratoire la possibilité de générer à partir de cellules souches pluripotentes induites (hiPSC) un greffon hématopoïétique fonctionnel à long terme, les recherches du projet RESCUE menées en 2021 visent à valider cette preuve de concept sur un modèle gros animal avant de passer aux essais cliniques.

Toujours dans le domaine du traitement des victimes irradiées, 2021 a vu la poursuite du projet ANR INTRUST, piloté par l’IRSN et destiné à mettre au point un traitement pour les victimes d’un syndrome aigu d’irradiation (sous sa forme gastro-intestinale). Si les essais menés se révèlent concluants, INTRUST permettra également d’ouvrir une nouvelle voie dans la prise en charge des patients souffrant de complications digestives suite à une radiothérapie et de ceux atteints d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin.

Dans le domaine des sciences humaines et sociales liées à la radioprotection, l’IRSN mène des recherches en ergonomie pour accompagner les centres de radiothérapie dans la maîtrise de changements tels que l’appropriation d’un nouveau système d’imagerie médicale. En outre, un travail réalisé en 2021 a permis d’élaborer, en collaboration avec les professionnels de santé concernés, un guide destiné à les accompagner dans le maintien de la sécurité des soins en situation de changements techniques ou matériels.
Par ailleurs, l’IRSN a poursuivi, en partenariat avec le département de radiothérapie de Gustave-Roussy, son projet de recherche sur les méthodes d’analyse des risques dans un système sociotechnique complexe et humain (MARSCH), dans l’objectif de développer une nouvelle approche de l’analyse des risques en radiothérapie.

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Brèves
illustration breves
icone personne

S’inspirer de la chimie pour innover en radioprotection

Un workshop international a été organisé par l’IRSN au mois d’avril 2021 pour le compte des plateformes de recherche MELODI et ALLIANCE. Cet atelier visait à estimer la possible contribution d’une méthode développée afin de faciliter l’évaluation de la toxicité de stresseurs chimiques (méthode Adverse Outcome Pathway) à celle des effets d’une exposition à des stresseurs radiologiques sur la santé et l’environnement. Une application envisageable serait celle des situations d’exposition simultanée à ces 2 types de stresseurs.

icone terre avec bourgeons

ORRCH-IDEeS (orientation pluraliste de la recherche sur les risques chroniques – initiatives sur le territoire de Dunkerque pour l’environnement et la santé) est un projet de recherche participative lancé par l’IRSN en 2021 dans le domaine des impacts sanitaires liés à la multi-exposition environnementale (nucléaire, chimique d’origine industrielle ou agricole) dans le Dunkerquois.

tunnel projet vseal
decoration avant quatrieme titre

Recherche en environnement

Dans le domaine de la recherche en environnement, l’année 2021 a notamment vu le lancement du projet VSEAL. Ce projet a pour finalité l’évaluation de la capacité de confinement sur une très longue durée des scellements d’un stockage géologique de déchets de haute et moyenne activités à vie longue (HA-MAVL).

Stockage géologique de déchets HA-MAVL : lancement du projet VSEAL

Parmi les projets de recherche lancés par l’IRSN en 2021 dans le domaine de l’environnement, VSEAL concerne l’évaluation de la capacité de confinement sur une très longue durée d’un stockage géologique de déchets de haute et moyenne activités à vie longue (HA-MAVL). Cette capacité repose notamment sur la tenue hydromécanique des scellements : fermeture d’alvéoles, puits et descenderies. Afin de permettre à ses experts d’évaluer les dossiers de sûreté établis par l’Andra dans le cadre du projet Cigéo, l’IRSN déploie une recherche active sur ce sujet. Mené dans son laboratoire de recherche souterrain de Tournemire (Aveyron), le projet expérimental VSEAL met en œuvre un forage d’1 m de diamètre et de 10 m de hauteur équipé d’une soixantaine de capteurs. Son objectif est d’observer sur une quinzaine d’années les effets de l’eau de resaturation et de l’hydrogène susceptible d’être produit par la corrosion de composants du stockage sur le maintien dans le temps de l’étanchéité d’un scellement réalisé en bentonite. Ce type d’argile aux importantes propriétés de gonflement est en effet celui retenu pour sceller l’installation Cigéo à l’issue de sa période d’exploitation.

Évaluation des activités de recherche de l’IRSN dans le domaine des risques environnementaux

Une commission a mené au mois de janvier 2021 une visite d’évaluation du groupe de recherche thématique de l’IRSN dédié aux risques environnementaux (GTR-RE). Cet audit, qui a mobilisé les équipes de l’IRSN concernées par cette thématique, intervient dans le cadre d’une évaluation externe périodique des activités de recherche de l’IRSN, selon la procédure agréée par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES).
Étude des transferts de radionucléides en milieu atmosphérique, marin, terrestre et aquatique continental, étude de l’impact écotoxicologique des radionucléides, intégration des connaissances pour l’évaluation des risques environnementaux, thématiques transverses comme celles des infrastructures associées ou des moyens de recherche et ressources métrologiques… l’audit a permis aux différentes équipes de faire le bilan de leurs activités de recherche et de présenter leurs projets à cinq ans. La restitution effectuée en fin d’audit a souligné la qualité des activités et des projets du GTR-RE, l’efficience du triptyque associant l’observation à l’expérimentation et à la modélisation, le caractère unique des actions menées par le groupe de travail dans le paysage français et international de la recherche ainsi que la pertinence de leur positionnement au sein des instances européennes. En outre, la commission a formulé en juillet 2021 des recommandations en matière de bénéfice de la recherche pour l’expertise de l’IRSN, de gouvernance, de management des compétences, d’infrastructures et de moyens de recherche ainsi que de partenariats qui seront déclinées dans un plan d’action pour les cinq ans à venir.

decoration avant cinquieme titre

Recherche liée à la crise

L’IRSN a publié dans la revue Applied Radiation and Isotopes un article relatif au développement et à la validation d’un algorithme permettant d’automatiser la détection des radioéléments présents à l’état de traces dans l’air ambiant et de réduire le temps d’analyse. En décomposant le spectre mesuré en spectres individuels des radioéléments présents, cet algorithme de démélange spectral vise à permettre, en cas d’incident ou d’accident, la détection rapide d’un rejet. Il contribuera également à améliorer les limites de détection des radioéléments dans l’environnement, où les niveaux de radioactivité artificielle sont très faibles, au service de la mission de l’Institut en matière de surveillance radiologique de l’environnement.