Radioprotection de l’environnement et des personnes

Expert public de la protection de l’environnement et des personnes contre les rayonnements ionisants, l’Institut a poursuivi en 2021 une politique de surveillance environnementale fondée sur l’acquisition en continu de connaissances approfondies de l’état radiologique du territoire français et des zones géographiques qui le composent. Ainsi, en parallèle aux mesures effectuées au plan national, l’Institut a établi en 2021 ses derniers constats radiologiques territoriaux qui ont fait place à la première étude radiologique de site.

Au titre de sa contribution aux grandes politiques publiques qui visent entre autres à encourager une prise en compte globale des enjeux liés à la santé environnementale – comme le 4 e Plan national santé-environnement –, l’IRSN a mené par ailleurs des études dans des domaines comme la radiotoxicologie humaine et environnementale et en a publié la synthèse, intitulée « Actualisation des connaissances sur les effets biologiques du tritium », publiée en 2021. Dans cet esprit, l’Institut a également poursuivi ses actions visant à améliorer la protection du public contre le radon.

Dans le domaine de la santé, l’IRSN a collaboré largement avec de grands partenaires, comme l’IGR au plan national ou l’OMS, la CIPR et l’UNSCEAR à l’international, auxquels il apporte notamment son expertise de la surveillance radiologique.

Enfin, il a renforcé ses échanges avec la société par le biais de séminaires et de tables rondes au cours desquels experts et citoyens peuvent partager de l’information et des questionnements sur de grands dossiers tels que le volet environnemental de la gestion des déchets radioactifs ou les conséquences d’un accident nucléaire sur la santé.

26%

des Français considèrent la santé
comme une de leurs priorités (source :
Baromètre IRSN 2021 de la perception
des risques et de la sécurité par les Français)

782

anthroporadiométries réalisées pour
le suivi des travailleurs dont 730 à
l’aide de moyens mobiles

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Radioprotection de l’environnement

Mieux connaître l’état radiologique des territoires

L’Institut a publié en septembre 2021 son dernier constat régional – Normandie et Hauts-de-France –, permettant de disposer d’un état radiologique environnemental de référence pour ce territoire. Celui-ci s’inscrit dans la lignée des sept constats réalisés précédemment par l’IRSN sur les diverses régions de France, afin d’enrichir la connaissance des niveaux de radioactivité naturelle et artificielle dans les différentes composantes de l’environnement et d’acquérir de nombreuses données, souvent inédites, à proximité comme à distance des installations nucléaires. En couvrant de larges zones, les constats régionaux ont permis principalement de caractériser le bruit de fond (naturel et anthropique ancien) des régions concernées.

Complémentaire à la surveillance continue de l’environnement à l’échelle nationale, cette démarche, engagée dans le milieu des années 2010 fait désormais place à des études radiologiques de sites. La première d’entre elles a été poursuivie en 2021 et concerne le CNPE de Saint-Alban (Isère). Elle repose sur des moyens permettant de caractériser l’influence des rejets de l’installation sur son environnement. Elle a pour finalités d’améliorer les connaissances relatives à l’incidence d’un site nucléaire sur son environnement, d’estimer de manière plus réaliste l’exposition des populations avoisinantes, de contribuer à l’information des autorités et du public et enfin, d’aider les populations à s’impliquer dans la mesure de la radioactivité environnementale. Une seconde étude a été lancée en 2021 dans l’environnement du site ORANO de Malvési (Aude).

employes irsn travaillant dans le fleuve

Des connaissances actualisées sur les effets biologiques du tritium

L’IRSN a publié en mai 2021 la synthèse de 10 années de recherche en radiotoxicologie humaine et environnementale dans un rapport, intitulé « Actualisation des connaissances sur les effets biologiques du tritium ». Ce document complète des travaux de l’Institut sur le comportement du tritium dans l’environnement (2017) et sur les critères de qualité radiologique appliqués au tritium dans les eaux destinées à la consommation humaine (2020). Il détaille les études expérimentales en radiotoxicologie humaine et environnementale du tritium, menées depuis 2010 par l’IRSN en collaboration avec les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC). Les résultats obtenus complètent les connaissances antérieures et sont globalement en phase avec la littérature scientifique. Pour la plupart des paramètres biologiques étudiés, les modifications induites ne sont observées que pour les niveaux d’exposition les plus élevés.

Pour permettre aux acteurs de la société civile d’échanger avec des experts autour de ce rapport, l’Institut a organisé le 8 juillet un séminaire virtuel où ses experts ainsi que ceux de l’ASN, du CEA, des LNC, de SEPIA-Santé et des associations ont pu échanger sur les enjeux actuels liés à la présence de tritium dans l’environnement et ses effets sur la santé. Plus de 300 personnes ont participé à cette rencontre.

DE NOMBREUX ÉCHANGES ENTRE EXPERTS ET SOCIÉTÉ

Dans le cadre des échanges techniques avec la société au sujet des déchets de haute et moyenne activités à vie longue (HA-MAVL), cinq réunions ont été organisées en 2020 et 2021, plus spécifiquement sur les alternatives au stockage géologique et les colis de déchets. Ces réunions ont permis de répondre à de nombreuses questions soulevées par la société dans l’optique des prochaines expertises de l’IRSN sur le projet Cigéo.

En outre, l’IRSN a participé en janvier 2021 à une table ronde européenne consacrée à l’information et à la participation publique dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs, organisée par la Direction générale de l’énergie de la Commission européenne et l’association Nuclear Transparency Watch. L’objectif de cette table ronde était de faire un point sur la mise en œuvre de la Convention d’Aarhus dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs au niveau européen, et en particulier sur la mise en œuvre des dispositions de transparence de la directive relative aux déchets radioactifs, ainsi que sur l’accès du public à la recherche et à l’expertise.

L’Institut a présenté son retour d’expérience du débat public consacré en 2019 au Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, lors d’une session dédiée à la France et à laquelle participaient l’Association nationale des comités et commissions locales d’information et des représentants du ministère de la Transition écologique.

Brève
illustration breve
icone webinaire

Dans le cadre des webinaires organisés par l’Alliance européenne en radioécologie, deux matinées ont été dédiées aux doctorants, les 7 et 14 juin 2021, afin de leur donner l’opportunité de partager leurs travaux avec la communauté sur un large champ de sujets : situations d’expositions (post)accidentelles, contaminations des ressources (agricoles, eau…), gestion et remédiation des sites miniers uranifères ; zone d’exclusion de Tchernobyl, mines d’uranium et mer d’Irlande ; bactéries, végétaux, crustacés, insectes, poissons, batraciens et oiseaux. Parmi les 17 présentations provenant de 12 instituts et de 7 pays, l’IRSN était représenté par deux doctorants.

mesure tritium dans la loire

Mesure du tritium dans la Loire

À l’occasion de la quatrième réunion du Comité de suivi pluraliste de l’étude des concentrations en tritium dans les eaux de la Loire au pont Cessart à Saumur, organisée le 28 juin 2021, l’IRSN a présenté les conclusions de son étude lancée suite à la publication par un réseau de préleveurs citoyens d’une mesure à 310 Bq/L en janvier 2019.
Plus de 1 100 prélèvements ont été réalisés et mesurés par l’IRSN entre novembre 2020 et avril 2021, à raison de sept prélèvements quotidiens. Au cours de cette étude, aucune mesure atypique de tritium dans les eaux de la Loire n’a été mise en évidence : les activités volumiques en tritium ont varié entre le seuil de décision (2,5 Bq/L) et environ 60 Bq/L, y compris sur la période de fin novembre à début décembre 2020 où les conditions hydrauliques du fleuve et de rejets des CNPE étaient similaires à celles du 21 janvier 2019.

En outre, cette étude qui a mis en œuvre des modélisations des concentrations en tritium en aval de la centrale de Chinon à partir des mesures de terrain, a permis de mieux caractériser les conditions favorables à la dispersion des rejets entre Chinon et Saumur ainsi que la représentativité des mesures effectuées à la station multi-paramètres de l’exploitant située en aval du CNPE de Chinon.

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Radioprotection des personnes

Exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants

L’IRSN a publié en 2021 son bilan annuel de la surveillance des expositions professionnelles aux sources artificielles ou naturelles de rayonnements ionisants pour l’année 2020. À l’inverse des années précédentes, celui-ci indique un suivi qui a porté sur une cohorte en baisse de 1,9 % par rapport à 2019, avec 387 452 travailleurs. Le rapport établit également une baisse de 35 % de la dose collective pour l’ensemble des travailleurs suivis (72,5 H.Sv) et de la dose individuelle moyenne (0,78 mSv). Cette diminution concerne tous les secteurs, elle est majoritairement liée aux conséquences de la crise sanitaire qui a notamment nécessité le report de certains travaux de maintenance dans l’industrie nucléaire et qui est à l’origine de la baisse du trafic aérien. Quant à l’exposition interne, le pourcentage d’analyses positives (0,4 %) est resté relativement stable par rapport à l’année 2019. Parmi les travailleurs surveillés, six ont dépassé la limite réglementaire de 20 mSv/an pour l’exposition externe et un pour l’exposition interne.
L’ensemble des résultats détaillés est présenté sur Internet, accompagné de focus sur des domaines à enjeux de radioprotection comme, par exemple, les chantiers de démantèlement, les personnels navigants ou encore le suivi du cristallin de l’œil des travailleurs dans le domaine médical.

Prévenir le risque radon

Dans le cadre de la prévention du risque radon en milieu professionnel, l’IRSN a engagé en 2021, à la demande de la direction générale du Travail et du ministère de l’Agriculture, une campagne de mesures du radon dans des cavités agricoles : caves à fromages, caves à vins et champignonnières. Compte tenu du peu de données sur les concentrations en radon actuellement disponibles pour ces lieux de travail, l’objectif est de mieux apprécier l’exposition des professionnels y exerçant leur activité. La campagne de mesures réalisée par l’Institut se poursuivra sur plusieurs années afin de collecter un volume significatif de données permettant de mettre éventuellement en évidence des spécificités propres à ce type de lieux souterrains. Les résultats de mesures pourraient alors aider les employeurs à évaluer les risques pour leurs salariés, et le ministère du Travail à mettre en place une politique particulière de prévention du risque.

Une réponse européenne à l’exposition au radon et aux NORM

L’IRSN est partenaire du projet RADONORM, lancé fin 2020 par la Commission européenne dans l’objectif d’améliorer la protection de la population face à l’exposition au radon et aux matériaux contenant naturellement des éléments radioactifs, appelés NORM et utilisés ou rejetés dans le cadre de diverses activités industrielles. Piloté par l’Office fédéral allemand pour la radioprotection, le projet RADONORM est une initiative majeure qui regroupe 56 partenaires issus de 22 pays européens. Par ailleurs, l’une des spécificités de ce projet est l’attention particulière accordée à l’aspect sociétal, notamment à la sensibilisation du public et à l’accompagnement des acteurs dans la gestion du risque d’exposition au radon et aux autres NORM. Au sein de ce projet d’une durée de cinq ans, l’IRSN est impliqué dans les activités relatives à la caractérisation des situations d’exposition, aux calculs dosimétriques et aux études épidémiologiques. L’Institut contribue, dans une moindre mesure, aux travaux relatifs aux méthodes de remédiation ainsi qu’à ceux traitant des aspects sociaux et sociétaux liés à cette exposition. La première réunion de suivi du projet a été organisée en visioconférence en septembre 2021. Il a été l’occasion de présenter les travaux au réseau de 90 parties prenantes – industriels, scientifiques – concernées par le projet.

Brèves
illustration breves
icone hopital

Partenaire de l’AP-HP pour la surveillance de l’exposition interne des agents soignants, l’IRSN a mené une campagne de mesure auprès des personnels potentiellement exposés à une contamination radiologique grâce à des mesures anthroporadiométriques. Pour la première fois, le laboratoire mobile de l’Institut s’est déplacé du 8 au 23 mars 2021 auprès des personnels des établissements de Cochin et de l’hôpital européen Georges-Pompidou. 17 personnels ont bénéficié de cet examen.

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L’IRSN a tenu, le 28 juin 2021, la réunion
annuelle de suivi des activités qu’il
mène en tant que centre collaborateur
de l’Organisation mondiale de la santé.

Reconduit en 2018 pour un troisième mandat de quatre ans en tant que centre collaborateur, l’IRSN apporte son soutien à l’OMS dans le domaine de la radioprotection et de la santé : expertise technique en situation d’urgence radiologique ou nucléaire, diffusion des connaissances liées aux conséquences de l’exposition au radon, élaboration de documents de référence relatifs à la maîtrise du risque radiologique dans le domaine médical.

icone illustration universite

Dans le cadre de son Université interne,
l’IRSN dispense une formation habilitante destinée aux experts amenés à accéder aux données couvertes par le secret médical. Celle-ci porte sur le contexte réglementaire et le cadre de l’habilitation, le cadre juridique, le règlement général sur la protection des données ainsi que sur la cybersécurité. Elle comprend également un cas pratique de mise en situation. Depuis octobre 2020, quatre sessions de formation ont été organisées pour 49 salariés.

ville de fukushima

Fukushima, Tchernobyl : conséquences d’un accident nucléaire sur la santé

Trois ans après le séminaire intitulé « Radioactivité et santé : où en sommes-nous ? », l’Anccli et l’IRSN ont souhaité, comme ils s’y étaient engagés, réunir à nouveau les différentes parties prenantes, notamment les membres des Commissions locales d’information, les associations et les acteurs de la société civile. L’objectif de ce séminaire de 2021 était de poursuivre les échanges sur la thématique particulière des effets sur la santé des accidents nucléaires et de partager des connaissances sur ce sujet lors de deux rencontres complémentaires organisées en visioconférence le 8 avril ainsi que les 30 septembre et 1er octobre.
Parmi les thématiques abordées figurent les enseignements issus du suivi des populations des territoires contaminés autour de Tchernobyl, le programme de surveillance sanitaire mis en place par l’Université médicale de Fukushima ou encore les recherches sur la santé en situation post-accidentelle.

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Une expertise reconnue à l’international

L’appui à l’AIEA pour les urgences radiologiques et nucléaires

À l’occasion de la 65e conférence générale de l’AIEA, l’IRSN a été nommé comme centre de renforcement des capacités (Capacity Building Center) de l’AIEA dans le domaine de la gestion médicale et sanitaire des urgences radiologiques et nucléaires. Cette nomination marque la reconnaissance de l’Institut comme partenaire de l’Agence, à laquelle il apporte régulièrement son soutien opérationnel. Ces dernières années, plus de 10 victimes sévèrement exposées lors de contacts avec des sources radioactives industrielles ou lors de surdosages de radiothérapie ont bénéficié de cette offre d’assistance de l’AIEA. L’Institut appuie également l’Agence dans ses actions de formation et de normalisation. Cette reconnaissance consolide la position de l’Institut comme leader dans le domaine de la préparation et de la gestion médicale et sanitaire de ces situations d’urgence.

Une présence renforcée dans le domaine de la radioprotection

Des experts de l’IRSN ont récemment pris des fonctions au sein des deux principaux organismes d’expertise internationaux dans le domaine de la radioprotection.
Ainsi, le chef du service de recherche sur les effets biologiques et sanitaires des rayonnements ionisants à l’IRSN a été nommé à la présidence du Comité 1 (Radiation Effects) de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) pour la période 2021-2025 et sept autres experts de l’Institut ont rejoint les rangs des quatre comités de la Commission.
Pour ce qui concerne le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), la délégation française comprend cette année sept personnes de l’IRSN. Ces nominations marquent la reconnaissance de la compétence des experts de l’Institut au niveau international.

drapeaux des pays membres union europeenne