En cas de situation d’urgence nucléaire ou radiologique, l’IRSN est un acteur du dispositif national de crise et apporte un appui opérationnel aux autorités et aux pouvoirs publics en évaluant les conséquences des accidents sur les personnes et sur l’environnement.
En 2022, la mobilisation de l’IRSN a porté en premier lieu sur des situations réelles. L’année s’est avérée exceptionnelle et inédite à plusieurs titres :
En parallèle de cette mobilisation exceptionnelle, l’IRSN a maintenu sa participation à un programme particulièrement dense d’exercices de crise nationaux, dont il contribue à préparer les scénarios, locaux, en accord avec les exploitants qui les organisent, mais aussi internes.
GRÉEMENTS DE
L’ORGANISATION DE CRISE
EXERCICES :
L’IRSN participe également à l’élaboration de la doctrine post-accidentelle. À ce titre, l’Institut est partie prenante, depuis plusieurs années, des travaux du CODIRPA[1], piloté par l’ASN. L’objectif de cette instance est de formuler des recommandations sur la stratégie de gestion des conséquences d’un accident nucléaire, sur la base notamment du retour d’expérience de l’accident de Fukushima-Daiichi.
L’IRSN est impliqué dans les cinq groupes de travail du CODIRPA 3 (2020-2024) mis en place en 2022. Au dernier trimestre, l’Institut a établi deux rapports qui permettent d’alimenter les travaux des deux groupes de travail « Stratégies de réduction de la contamination et de gestion des déchets » et « Accidents autres que ceux pouvant survenir sur un réacteur nucléaire ».
L’IRSN participe également à la révision du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur que le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) a engagée au milieu de l’année 2022.
Enfin, la directive interministérielle officialisant l’organisation de la réalisation de mesures de contamination interne des personnes en situation d’urgence radiologique en vue d’une éventuelle prise en charge sanitaire a été publiée le 29 décembre 2022 au Journal Officiel. Cette directive renforce le rôle de l’Institut en tant qu’acteur et centralisateur des mesures des personnes ainsi que conseil des autorités sur la prise en charge sanitaire ou les études épidémiologiques à mettre en place.
[1] CODIRPA : Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation d’urgence radiologique.
Le ministère de la Transition énergétique bénéficie de l’appui technique de l’IRSN pour la préparation, l’organisation, la réalisation et l’analyse des évaluations des exercices annuels de sécurité.
L’un d’entre eux, dénommé EPEES, est un exercice de protection et d’évaluation de la sécurité nucléaire d’un opérateur qui vise, au travers d’une scénarisation réaliste, à apprécier la pertinence de sa réponse face à une agression malveillante. En 2022, l’exercice postulait une agression survenant sur le centre CEA de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Mandaté par le haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS) du ministère de la Transition énergétique, l’Institut a élaboré et conduit cet exercice (auquel prennent part en moyenne entre 200 et 300 acteurs, nécessitant un important travail de coordination) et en recueille, à l’issue, le retour d’expérience. L’expertise de l’IRSN dans l’organisation de tels exercices – une quinzaine à ce jour – est reconnue à l’international.
L’IRSN a également apporté son appui en 2022 à l’élaboration d’un exercice de transport de matières nucléaires destiné à tester la chaîne d’alerte, le concours aux pouvoirs publics ainsi qu’une solution de mise à l’abri des matières.
Enfin, l’IRSN a participé à un exercice d’inventaire de matières nucléaires en situation de crise sur le site Orano de Malvési (Aude), où le minerai d’uranium concentré (yellowcake) est converti en tétrafluorure d’uranium (UF4) en vue de son enrichissement en isotope 235. Cet exercice avait pour objectif d’évaluer la réponse de l’opérateur face au détournement de matières nucléaires, par le biais d’un événement simulé menant au déclenchement d’un inventaire des matières nucléaires. Un exercice comparable s’est déroulé au mois d’avril dans l’usine Framatome de Romans-sur-Isère (Drôme), installation dédiée à la fabrication de combustibles destinés aux réacteurs de recherche.
À la suite de chaque exercice, l’Institut a produit un avis de retour d’expérience des actions et de l’organisation des opérateurs dans ces situations.
L’IRSN a rempli pleinement son rôle d’appui aux autorités sur deux incidents survenus à quelques jours d’intervalle.
Le 21 septembre 2022, l’Institut a activé son organisation de crise après avoir été informé d’un incendie dans un atelier contenant de l’uranium au sein de l’usine Framatome de Romans-sur-Isère (Drôme), entraînant un risque de dissémination de radioactivité dans l’environnement. Cinq jours plus tard, il a activé à nouveau son organisation de crise après avoir été alerté d’un incident dans le sous-marin nucléaire d’attaque Perle sur la base navale de Toulon (Var).
Dans les deux situations, afin de confirmer l’absence de rejets radioactifs dans l’environnement autour des sites concernés, l’IRSN a dépêché sur place des experts et des véhicules spécialisés, en accord avec l’ASN et la préfecture de la Drôme dans le premier cas, avec l’ASND et la préfecture du Var dans le second. Leurs mesures directes, in situ, de contamination radioactive et de débit de dose gamma ambiant n’ont révélé aucune trace de radioactivité anormale. Les analyses complémentaires que l’IRSN a ensuite réalisées dans ses laboratoires, à partir d’échantillons prélevés à proximité immédiate de chacun des sites, ont permis de confirmer l’absence de marquage. Après analyse en laboratoire, l’Institut a publié ses résultats quelques jours après l’événement sur son site Internet www.irsn.fr.
Pour répondre à sa mission de centralisation et de restitution aux pouvoirs publics des mesures de radioactivité dans l’environnement en situation de crise, l’IRSN a créé en 2010 un site Internet cartographique intitulé CRITER. Afin de contribuer à sa mission de transparence et d’information du public en situation de crise, l’IRSN a développé en 2022 l’application Webinforad. Cet outil donnera accès au grand public à une compilation des données brutes issues du réseau national de télésurveillance de la radioactivité Téléray et de CRITER. Il permettra également de proposer, dans un onglet dédié, des explications qui viendront éclairer les données brutes. L’outil sera testé en exercice en 2023.
En 2022, l’IRSN a mené à leur terme des travaux conséquents réalisés dans le cadre de deux groupes de travail du CODIRPA 3.
Le premier groupe de travail concerne les « accidents autres que ceux pouvant survenir sur un réacteur nucléaire ». Pour alimenter ce groupe de travail, l’IRSN a établi, à la demande de l’ASN, après un travail sur le plutonium en 2021, un rapport sur l’uranium publié mi-décembre 2022. Ce rapport fait état d’éléments de connaissance sur le comportement de l’uranium dans l’environnement et dans l’organisme, sur la métrologie de l’uranium ainsi que sur les voies d’exposition contribuant à la dose. Enfin, il présente les éléments à considérer afin d’évaluer la robustesse des recommandations du CODIRPA dans le cas de rejets accidentels d’uranium.
En savoir plus sur le CODIRPA 3
Le second groupe de travail concerne les « stratégies de réduction de la contamination et de gestion des déchets ». En réponse à une demande de l’ASN, l’Institut a complété une première analyse des retours d’expérience des accidents de Tchernobyl et de Fukushima en matière d’actions de réduction de la contamination et de gestion des déchets associés. L’IRSN a ainsi analysé la gestion des déchets en situation post-accidentelle, pour un accident grave contaminant durablement un territoire étendu. Le rapport que l’Institut a publié en septembre présente un état de l’art sur la définition d’une typologie des milieux pouvant être affectés par un accident nucléaire, ainsi que les stratégies possibles de réduction de la contamination et de gestion des déchets. La seconde partie, consacrée à une étude de cas, décrit un scénario d’accident et les conséquences associées, les stratégies de réduction de la contamination simulées et enfin la quantification des déchets générés et leur possible gestion.
Les équipes de l’IRSN ont été impliquées dans les trois autres groupes de travail mis en place en 2022, dont les travaux se poursuivront en 2023, intitulés respectivement « développement d’une culture de sécurité et de radioprotection autour des installations », « implication des acteurs locaux dans la gestion de la phase post-accidentelle » et « gestion des milieux marins ». Ce dernier groupe a démarré ses travaux en fin d’année en co-pilotage IRSN/ASN.
L’IRSN contribue à la révision, engagée par le SGDSN, du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur établi en 2014. Plus resserrée, la version actualisée se focalisera sur les spécificités liées au risque radiologique et nucléaire. Elle intégrera le retour d’expérience de l’accident de Fukushima-Daiichi et les travaux menés sur les doctrines, notamment sur le post-accidentel. L’Institut est engagé dans les différents groupes de travail (communication, international, mesure…) qui se dérouleront majoritairement au cours de l’année 2023 et dont l’objectif est de mettre à jour les fiches d’action du plan.