REMPLIR NOS MISSIONS
L’IRSN remplit ses missions : c’est le constat de la Cour des comptes, en juin 2021, à l’issue de son contrôle de l’Institut. S’agissant du constat de la juridiction chargée d’évaluer les politiques publiques et de contrôler le bon usage de l’argent public, connue pour son exigence et sa rigueur, c’est, pour nous, positif et essentiel.
En 2021, comme en 2020, l’accomplissement de ces missions, pour répondre aux enjeux qui sont ceux de l’Institut, a été rendu plus complexe par la pandémie. L’IRSN a été au rendez-vous de ses nombreux engagements et obligations en adaptant ses méthodes de travail pour protéger ses salariés et pour poursuivre ses relations avec ses divers interlocuteurs, pouvoirs publics, autorités, homologues TSO, industriels, organismes de recherche et, plus largement, société. Que les uns et les autres soient ici remerciés.
ANTICIPER POUR MAÎTRISER
Le cycle de vie des systèmes électro – nucléaires s’inscrit dans le temps long. Certaines installations vieillissent, les industriels expriment le besoin de nouvelles capacités, des changements majeurs – climatiques, technologiques, sociétaux… – se dessinent. Les évolutions des usages des rayonnements ionisants dans le domaine de la santé, diagnostiques ou thérapeutiques, quant à elles, s’accélèrent. L’impact de l’environnement sur la santé, dont celui lié à la radioactivité, suscite des interrogations croissantes.
Pour un organisme technique en charge de l’évaluation des risques radiologiques et nucléaires sous toutes leurs formes, disposer, le moment venu, des connaissances et des compétences nécessaires à l’expression d’un jugement scientifique, fiable et indépendant, tel qu’attendu par les parties prenantes de la maîtrise de ces risques, suppose d’anticiper ces évolutions.
C’est cette ambition qui a guidé les recherches menées en 2021 en vue d’instruire de grands dossiers de sûreté comme le 4e réexamen périodique des réacteurs de 1 300 MWe ou la mise en place de nouvelles plateformes expérimentales, comme EVA, ASPIC et MIDI. Celles-ci nous permettront d’anticiper le vieillissement des installations nucléaires et les mécanismes conduisant aux accidents graves en renforçant par l’expérimentation les modèles créés à l’aide d’outils de simulation. Cette même ambition suscite notre intérêt pour des sujets de sûreté émergents comme ceux associés aux réacteurs modulaires de faible puissance (SMR).
C’est aussi le moteur de nos recherches sur le développement d’une nouvelle stratégie de prise en charge de patients victimes d’un syndrome aigu d’irradiation, de traitement clinique des sur-irradiations par l’usage de cellules souches, sur le comportement des scellements de stockages géologiques dans la très longue durée ou encore le développement de méthodes et d’outils pour détecter rapidement des radioéléments à l’état de trace dans l’environnement au service d’une meilleure surveillance.
C’est enfin ce qui motive la sélection en interne de cinq projets d’études exploratoires, lancés en 2021, au bénéfice des futurs programmes de recherche finalisée sur des thématiques aussi variées que le dépôt des radionucléides en zone rurale, le développement de simulant de combustible irradié, l’application du machine learning, les complications à la suite d’un traitement par l’iode 131 ou la compréhension des dommages à l’ADN.
Anticiper, c’est aussi se préparer. Se préparer notamment à la crise nucléaire ou radiologique par la participation, en 2021, à des exercices nationaux comme l’exercice gouvernemental Secnuc ou international avec l’AIEA, par l’intervention sur des situations réelles comme lors de la détection de radioactivité attribuée à une aciérie. C’est enfin faire évoluer la connaissance par la recherche avec un colloque autour des apports des sciences humaines et sociales sur la capacité d’adaptation des organisations à des événements imprévus.
PARTAGER POUR PROGRESSER
L’évaluation du risque, par la recherche ou l’expertise, nécessite la capacité à avoir l’attitude interrogative promue par la culture de sûreté. Cette attitude interrogative se nourrit notamment du partage, c’est-à-dire de la capacité à dialoguer avec l’ensemble des acteurs la maîtrise des risques.
Ainsi, il s’agit, au bénéfice de l’action publique, de partager les enjeux et les priorités avec les autorités. En 2020 et 2021, l’IRSN a renouvelé la plus grande partie de ses conventions avec les autorités ou les administrations qu’il appuie.
L’IRSN est en interaction constante avec ses homologues étrangers. Ainsi, à l’occasion des dix ans de la catastrophe de Fukushima, l’IRSN a organisé, près de Paris et en présentiel, le Forum EUROSAFE 2021, sous l’égide du réseau ETSON, sur le thème de « la sûreté nucléaire et radiologique dans un monde en rupture », suivi d’un séminaire sur les recherches en Sciences humaines et sociales engagées à la suite de l’accident.
L’Institut a créé en 2021 une structure de formation professionnelle et de tutorat dénommée IRSN Academy qui va nous permettre de valoriser notre capital de connaissances et de compétences.
Enfin, la volonté d’enrichir les travaux d’expertise de l’IRSN par la prise en compte des éclairages et questionnements émergeant du dialogue avec des parties prenantes a présidé aux dialogues techniques menés dans le cadre du 4e réexamen des réacteurs de 900 MWe. Cette démarche préfigure, en cohérence avec notre contrat d’objectifs et de performance, la mise en place début 2022 d’un comité pérenne de dialogue avec la société, dénommé ODISCE.
ÊTRE INDÉPENDANT POUR ÊTRE CRÉDIBLE
L’indépendance de l’IRSN s’entend comme l’impartialité de son jugement scientifique et technique et à investiguer les sujets à enjeux dans son champ de compétences. De ce point de vue, la recherche déjà évoquée comme outil d’anticipation permet à l’IRSN de disposer des meilleures connaissances du moment.
L’IRSN débat aussi des concepts, méthodes et positions qu’il développe. Ainsi, pour les 10 ans de l’accident de Fukushima, en 2021, l’IRSN a synthétisé ses réflexions sur la capacité de réponse des hommes et des organisations à des situations imprévues, sur les événements de très faibles probabilités ou encore la gestion d’une situation post-accidentelle dans un rapport « Anticipation et résilience, réflexions dix ans après l’accident de Fukushima-Daiichi » partagé au niveau international.
L’IRSN se saisit des situations susceptibles de présenter des enjeux en sûreté nucléaire ou en radioprotection. En 2021, comme suite à une mesure inhabituelle de la concentration en tritium dans la Loire par une association, l’IRSN a poursuivi sa campagne de grande ampleur de prélèvements et de modélisation du comportement de ce radioélément dans la Loire. Ces résultats ont été présentés régulièrement au Comité de suivi pluraliste mis en place pour l’occasion.
Enfin, en 2021, la commission d’éthique et de déontologie de l’Institut, placée auprès de son Conseil d’administration, a explicité, dans son rapport, les avis rendus entre début 2020 et mi-2021 sur les liens d’intérêt, la déontologie des métiers de la recherche ou les conditions de réalisation de prestations pour des industriels.
EXCELLER POUR ÉCLAIRER
Avec l’objectif de la plus haute qualité pour ses productions au service des pouvoirs publics et de la société, l’IRSN s’oblige à maintenir au plus haut niveau les compétences de ses équipes dans les domaines de l’expertise et de la recherche.
En 2021, l’IRSN a conclu ou renouvelé des partenariats structurants en sûreté nucléaire ou en radioprotection avec des institutions de référence comme, en France, le CNRS ou le centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy, à l’étranger les universités de Singapour ou de Fukushima. L’IRSN a aussi été nommé « Capacity building center » par l’AIEA et sera reconduit, en 2022, comme « centre collaborateur » de l’OMS. Ce sont des reconnaissances des compétences de l’IRSN et une exigence pour les renforcer encore.
Pour l’Institut, la qualité dans l’exercice de sa mission de surveillance en radioprotection ou dans la réalisation de ses programmes de recherche ou d’expertise repose notamment sur la qualité de ses données et de leur gestion. En 2021, l’IRSN a publié sa stratégie numérique et poursuivi le déploiement de sa politique de valorisation des données. Ainsi, plusieurs projets dans des domaines aussi divers que la dosimétrie des travailleurs, la gestion de crise ou l’exploitation du retour d’expérience s’appuie sur l’intelligence artificielle.
Enfin, l’IRSN déploie sa politique RSE autour de la feuille de route pour les années 2021-2023 avec des démarches sur l’économie circulaire, la sobriété numérique, la rénovation énergétique dans le cadre du plan de relance…
FAIRE DE 2022, UN ACCÉLÉRATEUR DE NOTRE TRANSFORMATION POUR RÉPONDRE TOUJOURS MIEUX AUX ATTENTES
L’IRSN, dont le fonctionnement a été fixé par décret en 2002, célébrera en 2022 vingt années à questionner, rechercher, innover, évaluer, préconiser, partager. Deux décennies guidées par l’objectif constant, dans une société en pleine évolution, de contribuer à la protection de nos concitoyens et de l’environnement vis-à-vis des risques liés aux rayonnements ionisants en agissant en faveur de la sûreté et de la sécurité nucléaires et de la radioprotection.
2022 nous donnera l’occasion de nous pencher sur le chemin parcouru depuis la fusion entre l’IPSN et l’OPRI pour créer un grand organisme public scientifique et technique d’évaluation des risques nucléaires et radiologiques sous toutes leurs formes, rassemblant expertise et recherche, domaines civil et défense, sûreté et radioprotection, distinguant les fonctions d’expertise et de décision.
Mais surtout, fidèles à notre stratégie à l’horizon 2030 et tirant le meilleur bénéfice de ces vingt ans d’expérience, en cohérence avec les actions de modernisation de l’État et dans un dialogue permanent avec l’ensemble de nos interlocuteurs institutionnels et représentants de la société, nous poursuivrons, avec une exigence d’excellence et de responsabilité, notre transformation managériale, numérique, des modes de travail, sociétale pour tirer le meilleur parti des évolutions du contexte environnemental, énergétique, sécuritaire et sanitaire au profit de la protection contre les rayonnements ionisants, la sûreté et la sécurité nucléaires.